TPE : police scientifique
L'étude des indices est-elle toujours indispensable au cours d'une enquête de la police scientifique ?
ADN et empreinte digitale
Les tests d’ADN constituent l’élément de preuve le plus fiable de l’histoire de la criminalistique.
L’acide désoxyribonucléique, ou ADN, est une spirale de deux mètres présente dans le noyau de chaque cellule de notre corps.
Il présente une structure en double hélice qui évoque une échelle de corde enroulée, constituée de longs brins appelés chromosomes. Au sein de la spirale, on dénombre trois milliards de “barreaux” de l’échelle. Appelés “bases”, ils appartiennent à quatres types: guanine (G), cytosine (C), thymine (T) et adénine (A). L’ordre dans lequel ils sont placés le long du brin est propre à chacun sauf pour les jumeaux monozygotes. Les paires de bases forment la double hélice, C ne s’appariant qu’avec G et A avec T. Ceci ne varie jamais. Ainsi quand l’ADN est répliqué, les nouveaux brins sont d’exactes copies. L’ADN d’une personne comprend six milliards de bases.
Un petit tronçon de cette spirale contient notre code génétique : les gènes qui nous donnent notre apparence et nos caractéristiques, comme des cheveux bouclés ou des yeux bleus. Les spécialistes de la génétique judiciaire ne s’intéressent qu’à la grande portion restante de la spirale. Bien qu’elle ne semble avoir guère de fonction, les brèves séquences des paires de bases se répètent et varient d’un individu à l’autre, ce qui permet l’identification.
Il existe un autre type d’ADN présent dans la plupart des cellules : l’ADN mitochondrial ainsi nommé car il se trouve dans une autre partie de la cellule, la mitochondrie. Il est agencé en un cercle beaucoup plus petit que le brin d’ADN nucléaire. Si ce dernier est hérité à parts égales des deux parents, l’ADN mitochondrial ne vient que de la mère, d’où son utilité dans les recherches d’hérédité directe.
Lorsque le criminel postillonne, éternue, ce sont des milliers de cellules évacuées avec l’ADN. L’ADN n’est pas infaillible et ne remplace pas l’enquête.
Lorsque les enquêteurs arrivent sur la scène de crime, ils cherchent à trouver des traces d’ADN sans la contaminer. L’ADN permet de déterminer l’empreinte génétique d’un individu et est très facile à prélever sur un suspect en frottant l’intérieur de la joue avec un écouvillon (sorte de coton-tige).
Pourquoi laisse-t-on nos empreintes sur les objets ?
Notre peau est recouverte d'une pellicule un peu graisseuse, formée par des cellules spéciales (les adipocytes). A cause de la transpiration se créent également des petits dépôts de sels. Et comme nous ne nous lavons pas constamment les mains, nous pouvons garder sur les doigts tout un tas de produits ou petites particules (saleté, graisses diverses, des peaux mortes...). C'est tout ce joyeux mélange que nous laissons sur les objets lorsque nous les touchons : une manière très simple de le constater est d'apposer votre doigt sur un verre propre, et de le regarder par transparence à la lumière. Le motif se dessine grâce à l'alternance des crêtes (proéminentes, qui laissent un dépôt sur la surface) et des plis.
Une empreinte digitale est une marque laissée par les crêtes des doigts, des mains, des orteils ou des pieds lorsqu'elles touchent un objet. Il en existe deux types : l'empreinte directe (qui laisse une marque visible) et l'empreinte latente (saleté, sueur ou autre résidu déposé sur un objet). Les empreintes digitales sont regroupées en trois catégories principales : l'arche, le tourbillon et la boucle. À l'intérieur de chacune de ces catégories, il y a un très grand nombre d'éléments qui nous différencient les uns des autres. En plus des cicatrices, il y a les fourches, les îlots et les espaces qui donnent un caractère unique aux empreintes latentes.
L’utilisation de l’empreinte digitale comme moyen d’identification d’une personne n’est pas nouvelle. En fait, les corps policiers utilisent cette technique depuis plus de 100 ans. Aujourd’hui, les empreintes digitales sont recueillies sur une scène de crime et sont ensuite comparées à celles contenues dans un serveur central.
Pourquoi choisis-t-on l’empreinte digitale pour identifier les personnes simplement ?
Le recours à l’empreinte digitale compte pour plus du tiers du marché des procédés biométriques. Elle représente nettement la solution préférée des entreprises œuvrant dans ce domaine. La force de ce procédé tient au fait que l’utilisation de l’empreinte digitale est généralement plus facile d’acceptation par la communauté et qu’elle est une des plus efficaces et des moins coûteuses.
La qualité d’image de l’empreinte digitale peut varier selon que la peau du doigt est sale, trop humide ou trop sèche, huileuse ou affligée d’une coupure. La pression que l’on exerce sur le lecteur optique de l’appareil est aussi déterminante quant aux détails qui sont recueillis. Un bon système biométrique tiendra compte de ces facteurs.
L’empreinte digitale est le modèle du relief cutané des doigts. Ce relief se forme durant la période foetale. Ses propriétés biologiques sont bien comprises. Employée pendant des siècles, sa validité d’identification est bien établie.
On classe les empreintes selon un système vieux d’une décennie : le système Henry. Dans ce système, le classement repose sur la topographie générale de l’empreinte digitale et permet de définir des familles telles que les boucles (à gauche ou à droite), les arches et les tourbillons.
1: Verticilles, petits tourbillons qui entourent un point constituent 35% des personnes.
2: Boucles, crêtes qui reviennent sur elles-mêmes représentant 60% des personnes.
3: Arcs, crêtes formant des arches superposées aux angles plus ou moins aigus, rares motifs correspondant à 5% des personnes.
Les éléments qui permettent de différencier deux empreintes digitales sont les minuties. Une minutie est un point qui se situe sur le changement de continuité des lignes papillaires.
Lac
Crochet
Pont
Bifurcation
(simple ou multiple)
La probabilité de trouver deux empreintes digitales similaires est de 1 sur 10 puissance 24. Dans la pratique, il est évident que deux jumeaux issus de la même cellule ont des empreintes digitales très proches.
Prélèvement des empreintes digitales
Pour relever des traces visibles, la photographie suffit. Pour celles qui sont invisibles à l’œil nu, il faut appliquer à l’aide d’un pinceau une poudre très fine (céruse, alumine, oxyde de cuivre, poudre magnétique) d’une couleur adaptée aux surfaces sur lesquelles elles sont prélevées : poudre noire pour les surfaces blanches ; poudre blanche (à base d'aluminium) pour les surfaces lisses ; poudre fluorescente pour des fonds multicolores.
Aujourd’hui, les empreintes sont photographiées, numérisées et traitées par ordinateur.
Selon la loi française, il faut au minimum 12 points de convergence pour déterminer que deux empreintes sont identiques. Au 31 janvier 2010, le FAED (Fichier automatisé des empreintes digitales) comptait 3.451.622 individus enregistrés et 192.623 traces non identifiées.
La confusion d’une personne avec une empreinte digitale trouvée sur une scène de crime fait de lui le suspect numéro 1 même si rien n’assure qu’elle n’ait été laissée le jour du crime puisque les empreintes digitales peuvent rester des années si aucun facteur extérieur ne la dégrade.
Voici un exemple de méthode couramment utilisé par la police pour le relevé d'empreinte:
Ninhydrine, aussi appelée nihydrine, de formule brute C9H6O4 est un composé aromatique, utilisé comme révélateur d'acides aminés. Elle est utile dans la révélation d'empreintes digitales latentes (non visibles à l'œil nu.). De fait, la ninhydrine est ici utilisée car elle possède la propriété intéressante de réagir avec les acides aminés.
Au contact des acides aminés, ces derniers sont colorés en pourpre de Ruhemann, coloration caractéristique de cette réaction de couleur bleu-violet. Ces acides aminés sont présents sur la peau, plus particulièrement dans la sueur : c'est l'urée, un des composants de la sueur, de formule brute CO (NH2)2. Lors de l'appui du doigt sur une surface, les acides aminés présents sur les parties "bombées" des empreintes s'y déposent avec la sueur. En appliquant de la ninhydrine sur la surface, ces acides aminés réagissent, et deviennent visibles.
La réaction de la ninhydrine et de l'acide aminé entraine une décarboxylation*, c'est à dire qu'une molécule -CO2 est éliminée. S'en suit une hydrolyse* d'imine: c'est la décomposition de l'imine, un composé organique caractérisé par la double liaison C=N.
Lorsque deux nouvelle molécules ainsi formées réagissent entre elles et s'associent, on obtient un pigment violet caractéristique: le pourpre de Ruhemann.
L'équation de réaction est :
2 C9H6O4 + NH2-CHR-COOH = CO2 + C18H9NO4 + R-CH=O + 3 H2O
Mécanisme de la réaction de la ninhydrine avec un acide aminé quelconque
Cheveux et poils
Ils peuvent se trouver n’importe ou puisqu’ils sont touts petits voir invisible à l’oeil nu. Ils ont tendance à s’accrocher sur les tissus (vêtements, tapis) ou encore lorsqu’une victime touche son agresseur, des poils peuvent se trouver sur sa main, sous ses ongles. Les cheveux permettent de donner beaucoup d’information sur son propriétaire, mise à part la couleur et leur caractère frisé, crépu, lisse qui peut se voir à l’oeil nu. On peut déterminer leur âge, si il y a une teinture (remonter jusqu’au coiffeur et l’interroger). Des cheveux qui n’ont pas étés coupés depuis longtemps sont effilochés tandis qu'après le rasoir ils sont en biseau. Les cheveux sont sources d’ADN mitochondrial. Ceux des enfants sont différents.
Dans de rares cas, on peut relever de l’ADN grâce au cheveu ou poil si la racine n’a pas été endommagé ce qui est rare puisqu’ils tombent généralement par vieillesse, par leur racine dégradée. 50 à 100 cheveux tombent quotidiennement.
Par exemple si l’on relève les poils d’un chat sur une victime et que un suspect possède un chat similaire il s’agira d’une autre preuve.
On peut aussi relever des traces de drogues, poisons et produits toxiques dans les cheveux sachant qu’un cheveu pousse de 1cm par mois.
Le procédé de la PCR (Polymerase chain reaction)
Il s’agit d’un procédé qui sert à amplifier des petites quantités d’ADN non analysables très rapidement. La plupart des analyses se base sur ce procédé. Il s’agit d’une photocopie moléculaire, une réaction en chaîne par polymérase amplifie des régions spécifiques d’un brin d’ADN, un gène.
De minuscules quantités d’ADN peuvent ainsi être dupliquées puis analysées. Cette technique fait
appel à la polymérase, une enzyme. L’échantillon d’ADN est mélangé avec une solution saline. Le mélange obtenu est ainsi chauffé afin de séparer les filaments du double brin d’ADN puis refroidi pour que les amorces se lient à leur séquences complémentaires. Ce processus est très rapide et est répété des dizaines de fois.
Des mutations apparaissent avec la duplication et ces brins d’ADN mutés ne sont pas pris en compte.
Pour étudier l’ADN obtenu, on repère et on étudie des séquences de bases répétées appelées VNTR (Variable number tandem repeat) dont la longueur peut atteindre plusieurs centaines de paires de bases et SNTR (Short tandem repeat) de 3 à 7 paires de bases.
Dans un scanner, un laser rend les fragments de VNTR et SNTR qui ont étés préalablement teints fluorescents. Ces flashs sont enregistrés sur un détecteur de couleurs. Les résultats s’affichent sous forme de pics colorés sur un graphique. L’ADN relevé sur une scène de crime est placé à côté de celui prélevé par un suspect puis on compare et la concordance est établie si le profil des pics est identique.